Publié le 4 Juin 2017

REUNION

Réunion,

Nous sommes montés au sommet du Luberon disperser les cendres de Paul autour du grand pin au lieu-dit "Les Estrugets", un endroit qu'il appréciait particulièrement. Quatre, cinq kilomètres de raidillon en partant des Fondons par l'ancien chemin de Caseneuve à Cucuron. La famille réunie au grand complet a fait de cette commémoration, une sorte de chemin de Compostelle, mais vers Cucuron.... Francoise, Vincent, Philippe, Genevieve, Matteo, Pierrot, Basile, Maggy et enfin moi, la doyenne de la troupe (la prochaine sur la liste à être transportée cérémonieusement )avons entamé le sentier avec ardeur et détermination. Il serpente au milieu des pins, des chênes verts, entre clapas et roche calcaire. Nous ne sommes pas tristes, Paul est mort en 2014, nous avons eu le temps de "faire notre deuil". La journée est magnifique, la lumière superbe, le ciel sans nuage, l'effort collectif à quelque chose d'euphorique. Les rangs s' éclaircissent au fur et à mesure de la montée et de l'état des muscles. Malgré la rémanence de la crémation qui simplifie les obsèques, la dispersion des cendres reste un moment sacré, symbolique empreint de gravité. Un vieux reste de manifestation religieuse et de superstition. Un mixte de cérémonie vaudou et de rites païens. On évite le ciel, Dieu, le paradis, le diable, l'enfer et tutti quanti. On change simplement de liturgie, de salamalecs pour être en quelque sorte "dans le vent". Un être a vécu au milieu de nous. Vivant, nous l'avons côtoyé, aimé ou pas, partager ses joies, ses peines. Il fait à jamais partie de notre histoire. Il ne peut pas disparaître, comme ça, incognito, sans laisser aucune trace, du jour au lendemain. C'est surtout et avant tout un exorcisme pour faire de la mort, un moment hors du temps, hors de notre temps, un instant particulier, exceptionnel, unique, qui n'a rien à voir avec notre propre vie. Nous savons bien que la mort est notre compagne depuis la naissance. Mais nous l'oublions.... pour vivre sans entrave, sans être paralysé par cette éventualité. Le décès de l'autre nous rappelle cette cruelle réalité, au cas où on l'aurait, quelque peu, perdue de vue. Rendu à la nature qui l'a vu naître. La boucle est bouclée, on peut passer à autre chose...Le retour au crépuscule nous donne des envies de bivouac, de nuit à la belle étoile, de communion fervente avec la nature, de rires et de chansons autour du feu de bois. Comme avant, quand on était jeune sur la plage d'Arles pour parler jusqu'à plus soif de la vie, de l'amour, de la mort, de l'ailleurs, de l'incommensurable, de l'insondable, du vide et du plein, du ying et du yang et conclure comme toujours par "la fin de l'empire romain". C'est promis on reviendra pour le grand spectacle de l'infini. Pour se retrouver tous, les vivants et les morts, pour se souvenir de l'ancien temps, qui est mort et ne reviendras pas. Enfin le sommeil nous délivrera de la pesanteur, l'avenir, l'avenir nous ouvrira ses ailes bleues et le rêve prendra enfin le pouvoir sur nos vies dérisoires. Merci Paulo pour cette belle balade.
Mireille MOUTTE
Saignon, le 27 mai 2017

On n'est pas là pour se faire engueuler
On est v'nu essayer l'auréole
On n'est pas là pour se faire assommer
On est mort, il est temps qu'on rigole
Si vous flanquez les ivrognes à la porte
Il doit pas vous rester beaucoup d'monde
Portez-vous bien, mais nous on s'barre!
Et puis on est descendu chez Satan
Et en bas c'était épatant!

C'qui prouve qu'en protestant quand il est encor' temps
On peut finir par obtenir des ménagements!

Boris VIAN

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Rédigé par ab irato

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