Hommes

Publié le 9 Mars 2013

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Pour les investisseurs, les rentiers, les capitalistes, l'Homme n'est plus rentable, il est même un frein à la croissance, à la marche dictatoriale du progrès. En effet, on peut facilement juguler le travail, le délocaliser, organiser son déclin, fermer les usines, supprimer des emplois, combiner: flexibilité, précarité, harcèlement. Les hommes sont toujours là. La richesse distribuée, pour assouvir leurs besoins même élémentaires, est une perte intolérable pour les teneurs de la dérégulation libérale. Tel le tonneau des danaïdes il est sans fond et le retour sur investissement minime et incertain. Pauvre, l'homme coûte encore trop cher. Il reste l'élimination massive des masses devenues improductives. Souvent tentées par des guerres, des massacres, l'exode, l'holocauste l'euthanasie, la stérilisation,. Mais la morale, pour un temps encore, réprouve cette extrémité. L'Homme et ses exigences vitales, reste donc un kyste disgracieux sur le visage radieux du capitalisme mondialisé.

 

Des siècles durant, c'était le travailleur qui faisait la richesse du pays. On avait besoin d'une main d’œuvre docile et bon marché pour faire tourner les usines et des consommateurs zélés et convaincus pour écouler les marchandises. Travailler plus pour consommer plus. Ce système ne semble plus tenir la route. Pour la grande majorité des consommateurs il faut travailler pour avoir de l'argent. L'alpha et l’oméga de l'ordre établi, mis à mal par les pratiques économiques actuelles, par sa remise en cause comme but incontournable à l'épanouissement personnel. Aujourd'hui l'argent crée l'argent, les marchés boursiers se suffisent à eux-mêmes, les tradeurs, les investisseurs, les spéculateurs de tous poils jouent sur l'offre et la demande, sur la pénurie ou l'abondance des matières premières, qu'ils gèrent au mieux de leurs intérêts. Les multinationales colonisent les terres arables, monopolisent les richesses du monde entier. La démocratie est indexée aux graphiques des marchés, inféodée aux agences de notation, au PIB. Faire de l'argent à tout prix avec n'importe quoi, voilà le seul credo L'argent est virtuel, tout est marchandise.L'humain se trouve limité à sa portion congrue. Il devient un impondérable, tel le phylloxéra ou la peste aviaire. Tant pis pour les dommages collatéraux. Tant pis pour les laissés pour compte. Les victimes du système se trouvent même être d'excellents boucs émissaires: manque de discernement, d’adaptabilité, de courage, de productivité, passéistes, fainéants, véléïtères, ingérables, opposés à tout changement etc...

 

C'est vrai, l'homme par atavisme est en général attaché à son lieu de vie, à ses parents, ses amis, son coin de campagne et même son clocher. Il veut vivre et travailler au pays, gagner dignement sa vie, être respecté, élever sans crainte ses enfants, suivre consciencieusement le modèle établi depuis des millénaires. Nous sommes d'incorrigibles sentimentaux, des naïfs incurables. Comme si le bonheur des hommes était à l'ordre du jour, comme si son bien-être, son épanouissement étaient indispensables à la bonne marche des affaires, comme si tout ce fatras avait une quelconque valeur marchande!!!

 

Dans cette course éperdue, nous sommes responsables en partie de nos choix de vie. Certes, il vaut mieux, depuis toujours, être riche, jeune, en bonne santé et être né dans un milieu privilégié. Mais croire à l’avènement d'une égalité inscrite en lettres d'or au frontispice de nos monuments est un leurre, une utopie. L'égalité n'a jamais été l'apanage des sociétés et encore moins de la nature. Il reste alors comme seul exutoire à notre frustration la violence des misérables, des desperados, l'acceptation feinte ou soumise à l'ordre établi qui confortent le modèle. Ne nous laissons plus abuser par des mirifiques promesses, les discours dithyrambiques, les décisions dogmatiques. Le système actuel ne s'améliorera pas pour le bien être de l'humanité. Il n'est pas fait pour ça. Nous nous épuisons en vaines controverses. Il n'y aura pas de miracle. Agissons. Ne prenons pas le pouvoir, contournons le, atteignons le cœur de la cible: l'argent, le profit. Refusons de coopérer, refusons la cogestion, refusons l'uniformité du tous pareils, tous dociles, tous pris dans les mailles d'un même filet. Inventons d'autres échanges, d'autres solidarités. Soyons audacieux, inventifs. Plus d'exploiteur, plus d'exploité, plus de charité, plus d'actionnaire, plus d'assisté, plus d’exilé, plus de spoliation, plus d'expert, plus d'oracle, plus de mot d'ordre, plus de raviolis panzani, plus de chef charismatique. Ce sera dur! L'argent trace sa voie impérieuse. Si nous voulons une autre priorité traçons la notre: L’Homme et sa planète, ses besoins, sa santé, son bien être, son avenir, comme seule préoccupation, comme seul intérêt. C'est beau comme du Verlaine. Plus facile à dire qu'à faire. Mais tellement exaltant!

 

«A chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins» l'adage a beacoup servi, toujours d'actualité, tant qu'il n'est pas détourné par une autocratie tyrannique, décrété par oukase. Son évidence n'a d'égal que sa complexité : Comment évaluer ces forces ? Comment déterminer ces besoins? L'homme est-il irrémédiablement condamné à ses rêves? Commandé par ses instincts prédateurs? La tête dans les étoiles, les pieds dans la glaise, tel «un pesoun dans la pegue». Nos aspirations, nos espoirs sont-ils irréalistes, inaccessibles, utopiques? Prouvons le contraire. La confiance en la bonne volonté de l'homme, n’entraîne malheureusement pas le glas de la loi du plus fort. Le pouvoir, quel qui soit, n'est toujours pas prêt à laisser s'installer la chienlit. La liberté à ses limites, tout de même ! Une seule solution, autre chose.                                                                              

                                                                                          Mireille MOUTTE


 

 

                                                                                           Pont-Croix le 26 février 2013

 

 

 

Rédigé par ab irato

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