Publié le 19 Décembre 2013

 

 

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Entre les faillites du droit d'asile des affaires « Léonarda » ou « Lampédousa, les délocalisations, fermetures et occupations d'entreprises, la dévastation de la planète, le désespoir du monde paysan, un Front National xénophobe et ségrégationniste en incontournable vedette des plateaux. Les dégâts divers et variés s'amoncellent et le monde politique, ses mœurs, ses us et coutumes, ses bricolages, ses compromis, perd toujours plus de crédibilité et nous désespère. Pourtant ce qui nous semble « nouveau » ne l'est pas vraiment, et l'espoir mis dans un changement durable pas d’avantage. Dans les années 70 les luttes étaient là aussi, dures et quelquefois sanglantes. Les renversements militaires aveugles et cruels au Cambodge, en Argentine, au Chili, les intégristes de l'islam en Iran, l'URSS en Afghanistan, le Liban en guerre civile, les Brigades rouges, l'IRA, les premières marées noires, le désespoir des sidérurgiste de Longwy, la faim au Biafra.. Mais aussi la fin de la guerre du Vietnam, la révolution des œillets au Portugal, la fin du régime des colonels en Grèce, le vote de la loi VEIL... A revoir aussi le doc « mort pour la cause du peuple » sur Pierre OVERNEY, ouvrier à l'usine Renault de Billancourt militant de la gauche prolétarienne. Cette actualité n'est finalement pas très éloigné de nos préoccupations actuelles. Les décors, les couleurs, les physionomies ont changés, les luttes, les difficultés, les résistances sont peu ou prou identiques. Les discriminations perdurent, les grands perdants restent toujours les mêmes, la masse populaire. En face de nous plus guère de grand patron pour répondre de ses méfaits, mais des multinationales, une multiplicité de sous-traitant, de donneur d'ordre, l’anonymat des consortiums, l'exigence des actionnaires, la complexité d'une finance mondialisée à outrance. Pourtant, les acquis sociaux conquis de haute lutte sont toujours et encore remis en cause, et c'est un combat de chaque jour, un rapport de force permanent contre un dumping social sans complexe, une rentabilité financière inexorable qui multiplie les plans sociaux en cascade.

 

Ce qui a changé c'est le manque de visibilité à long terme, nous n'avons plus de modèle à opposer au capitalisme triomphant. Nous savons ce que nous ne voulons plus, mais recherchons encore la manière de contourner l'obstacle. La main mise de l'argent roi, de la consommation à outrance, d'une croissance hégémonique et schizophrénique semble, pour beaucoup, un modèle mondialement incontournable. Et cette société là qui s'impose à nous comme un rouleau compresseur, nous fait mal. Car il est évident qu'elle laisse sur le bord de la route, de plus en plus de monde. Les confrontations inéluctables entre riches et pauvres à tous les niveaux s’accélèrent. Des ravages que nous ne pourrons jamais, dans les conditions actuelles, juguler. Puisque les riches sont de plus en plus riches par l'exploitation sans complexe de plus en plus de pauvres. Et les pauvres pour survivre de plus en plus attirés par les lumières de nos pays riches. « Il n'y a pas de frontière que l'espérance ne puisse franchir ». Ce système peut-il perduré en faisant fi des catastrophes humaines et écologiques qu'il génère inéluctablement? Peut-il hypocritement s'en accommoder, et nous transformer par le truchement des images en simples spectateurs-voyeurs veules, irresponsables, larmoyants et inconstants ? A l'aune des événements actuels, la réponse me semble très claire.

 

Notre modèle économique nous le savons parfaitement, pille allègrement les richesses de toute la planète et ne pourra jamais « bénéficier » aux plus pauvres, qui sont le terreau sur lequel il prospère. Empêcher les guerres, juguler la faim et la misère de part le monde n'a jamais été son but, n'a jamais fait partie de ses préoccupations, n'est pas gravé sur son disque dur. Ce nome slang est son marché aux esclaves. Au-delà même, la confrontation de ses fléaux avec notre bulle « aseptisée » lui est indispensable pour afficher chez nous son « rôle régulateur», comme catalyseur pour enrayer toutes velléités de révolte. C'est moi ou le néant « Choisi ton camp, camarade ! ». Et puis soyons « soulagés » : Il faut bien à quelque part une « terre promise » pour entretenir les illusions d'un monde meilleur et en même temps un « Eden » un « Eldorado » loin des aléas et des péripéties agressives pour protéger, jusqu'à la prochaine « crise », la croissance sereine du capital et le dépenser. La conjoncture est vieille comme le monde, rien de bien nouveau sous les étoiles. Pendant ce temps, l'espoir d'un monde plus juste, plus solidaire, porteur de signes d'avenir, d'évolution généreuse de notre humanité, s'épuise, pantelant, assommé et sans voix, laissant, encore une fois, passer son tour. Dis, Papa elle est encore loin la sobriété heureuse ?

 

Aix en Provence le 18 décembre 2013

Mireille MOUTTE

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Publié le 10 Novembre 2013

 

 

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Le blanc échevelé des nuées,

Les chênes verts aux troncs argentés,

Les monceaux d'or sous mes pas froissés,

Le pourpre de l'automne embrasé,

La flamboyance du soleil étalé,

Le bleu espace pour nous entourer,

Le noir abîme du ciel étoilé,

 

Toutes les couleurs de ma palette 

sur la page blanche de mon émoi

                            Mireille MOUTTE

                            Saignon le 10 novembre 2013

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Publié le 28 Octobre 2013

 

 

 

 

 

 

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Je voulais une nouvelle fois me révolter, protester, fulminer contre le cynisme, l'inconséquence des hommes, leurs larmes de crocodiles sur le sort des immigrés de Lampedusa, leur brusque découverte des conséquences de la misère. Et puis, j'ai lu un entretient de Robin Renucci dans le Télérama n°3326 qui m'a réconciliée avec l'humanité. Qui m'a émue aux larmes tant son parcours et ses propos résonnent en moi à l'unisson. J'ai décidé pour une fois d'être positive, d'avoir confiance dans cet avenir là. Un homme pour qui l'éducation et l'art sont primordiaux, indispensables à l'évolution à la compréhension du monde. Un homme qui a pour préoccupation : « L'éducation citoyenne par l'art ». Un homme pour qui l'imagination, la création priment sur le vedettariat, les succès facile, l'argent. Ce n'est pas un énième artiste engagé. Sa force est un engagement, indissociable de son art, de sa pratique. Agir là où nous sommes, dans la vie de tous les jours. A chacun ses aptitudes, ses possibilités. C'est la résistance de l'ombre. Chacun sa pierre à l'édifice, sans télévision, sans journaux, sans médiatisation. C'est long, difficile, sans toujours les résultats espérés. Mais si à l'occasion d'une rencontre, d'une lecture, cette communauté de conviction se concrétise, ce partage même fugace, nous ranime, nous répare, soigne notre nostalgie d'un monde solidaire en lui donnant vie. Merci pour ce témoignage d'un engagement passionné.

 

Saignon le 15 octobre 2013

Mireille MOUTTE

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Publié le 30 Septembre 2013

 

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Je me réveille engourdie à l'arrière d'un taxi, un casque sur les oreilles qui hurle une musique quelconque que je ne reconnais pas. On arrive à une gare, je reconnais la pendule : Gare de Lyon. Le taxi s'arrête et le chauffeur me dit d'un air guilleret: «Vous êtes arrivée!» je descends sans rien comprendre, sans poser de question, engourdie. Il repart à grande vitesse. Que s'est-il passé ? Je marche telle un automate, un somnambule. Suis-je toujours moi et qui est ce moi? Que m’arrive-t-il? Je ne suis plus connectée au réel. Je demande l’heure par habitude, comme une formule magique qui me réveillera enfin de cet état comateux: 12 heures 32. Bien, mais qu'importe. Je rentre dans la gare par réflexe, pourquoi suis-je là? J’erre sans but, je m’épuise, je panique. J’arrête un passant pour lui demander…mais quoi? Il faut que je prenne une décision, j’en suis consciente, mais incapable, je suis perdue. Je ne m’appartiens plus. Un corps sans raison, sans but. Je m’assois sur le premier banc. Un flic devant ma tête ahurie me demande si tout va bien. Je m’entends lui répondre: Oui, Oui, mais qu’est-ce que je raconte. Non, non ça ne va pas du tout. Trop tard, il est parti ailleurs Un vagabond m’interpelle: Hé madame, hé madame, une petite pièce et je vous raconte mon histoire… Quelle histoire?. Et la mienne d’histoire, où est-elle ? Je m’assois à côté d’une mémé en apparence inoffensive. Je vais pouvoir souffler, reprendre mes esprits. Je me trompe, elle soliloque, elle radote, au milieu de multiples bagages : «J'attends le train de TOULOUSE, mes enfants sont déjà partis, ils m'ont sans doute oubliée» Comble du ridicule, elle me demande l’heure, à moi! Je ne peux rien faire pour elle, j'ai assez de difficulté pour le moment. Je m’enfuis. Dehors, dedans, à droite, à gauche, tout droit, tout est pareil, à la fois vide et plein. J'étais où avant ce trou noir? Je vais sûrement rencontrer quelqu'un ou quelque chose qui mettra fin à ce cauchemar.


Quelqu'un m'attends quelque part, c'est sûr. Pas de panique, il suffit de réfléchir calmement, et bientôt je rirais de cette bonne blague. Mais le flou s'éternise un peu trop à mon goût. Dans les rues, au hasard, je croise des hommes, des femmes affairés, pris dans les mailles de leur propre histoire. Je suis transparente. Personne ne semble prendre conscience de mon état vaseux. Je m'assois, je vais me ressaisir. Mais rien n'y fait. Je vais hurler, me rouler par terre, pour qu'enfin je prenne vie face à toute cette indifférence. Tout continue comme avant, mais comme avant quoi? Je suis enfermée dehors, seule, abandonnée, hors du commun, hors des normes, hors des histoires, hors du monde, Je n'appartiens à rien, je ne suis rattachée à rien. Les lumières s'allument, les magasins ferment, les passants passent. Assise sur le trottoir, Je ne suis qu’un corps, vide, je pleure, toutes les larmes de mon corps, c'est tout de ce qui me reste, sans n'émouvoir personne. Le temps passe et moi je reste là, comme un objet inutile, un lampadaire, un mouchoir jeté hors d'usage. Enfin, un jeune homme m'interpelle: «Ça va pas? Ne restez pas là, il est tard, vous allez vous faire ramasser par les flics. Rentrez chez-vous, allez c'est pas si grave, ça ira mieux demain!» Je le regarde hébétée, sans saisir ce qui n'est pas si grave, pour lui. Les flics c'est peut-être une solution... Il passe son chemin, en haussant les épaules : «encore une folle...» Ce regard même fugitif me réveille un peu. Je ne suis finalement pas transparente. Je cherche quelque chose dans mes poches...vides! Je suis à la rue, sans argent, sans papier. Il me faut trouver quelque chose rapidement, avant la nuit noire, le commissariat le plus proche, c'est la seule solution. Je repars d'un bon pied, rassurée par cette décision soudaine qui me paraît digne d'un être doué de raison. Je demande mon chemin, sans résultat. Un commerce encore ouvert, «s’il-vous-plait, où se trouve le commissariat le plus proche? » Il me répond dans sa barbe, sans s’arrêter : « je ne sais pas, Pourquoi faire ? » Pour …. Comment expliquer… excusez-moi, merci » Je suis sur le trottoir d’un grand boulevard, la circulation est encore dense. Je vais trouver une solution, il me faut trouver une solution. J’arrête un passant, qui me regarde d’un drôle d’air, comme si ma présence le choquait, comme si elle était anachronique, il me fait un signe négatif de la main et passe son chemin. Cela fait combien de temps que je marche comme çà, sans but, la fatigue commence à se faire sentir, j’ai mal au pied, j’ai froid, je n’ai pas de veste, des tennis de toile au pied, un pantalon, un tee-shirt à manche longue, c’est tout. Je remarque que mon pull et mon pantalon blancs sont sales, tâchés de graisse, de saleté, de rouille. J’ai sûrement un air rébarbatif de souillon, de clocharde. Cela ne va pas m’aider à trouver une âme charitable pour me tirer de ce mauvais pas. C’est absurde. Je ne comprends rien à ce qui m'arrive.

 

Enfin, il me semble apercevoir ce qui ressemble à un commissariat. Sauvée ! Un attroupement, des cris, une bousculade, des voitures toutes sirènes hurlantes. La foule agglutinée sur le trottoir m’empêche de rentrer, je suis repoussée inexorablement à l'arrière impossible de rentrer, le flic en faction que j'essaye d'alerter, me fait signe de circuler. Je vais attendre à côté que tout ce tapage cesse et que je puisse enfin me faire entendre. Je patiente toujours, l’attroupement semble se disperser peu à peu. Le flic m’a repérée, il s’approche de moi, enfin … Je vais pouvoir m’en sortir. Il m’interpelle d’un air bourru : - « Vous attendez quoi là, le spectacle est terminé, il n’y aura plus rien ce soir, allez circulez. Compris ? dit-il dubitatif ». Je crois qu’il a enfin compris lui que je ne comprenais plus rien. - « Vos papiers ? » - « Je n’ai rien, je ne sais pas ce que je fais là, je suis perdue et viens justement vous demander de l’aide ». – « Qu’est-ce que c'est encore ce délire, il faut que ça tombe sur moi, il est tard, vous ne pouvez pas revenir demain matin, pour éclaircir tout ça ? » - « Mais je ne sais pas où aller, où dormir, je ne veux pas passer la nuit dehors » - « Bon je vais voir ce que je peux faire, suivez-moi » me dit-il avec un regard circonspect sur mon allure négligée. Un monde de fous, je garde bien sur mes commentaires acerbes pour moi. Trop heureuse d’être enfin prise en charge. – «Asseyez-vous là, je reviens. » « Jette un coup d’œil sur la fille » dit-il à son collègue. La confiance règne, j’espère rencontrer quelqu’un d’un peu plus compréhensif. J’entends des cris, une discussion animée, des bruits bizarres. Étrangement, je ne me sens pas plus en sécurité ici que dans la rue. Le temps passe, au moins je suis au chaud. Je vois enfin mon flic revenir. – « Nous ne trouvons personne, pour s’occuper de vous ce soir, il faut attendre encore un peu. Mon collègue va vous entendre, si vous avez besoin de quelque chose adressez-vous à l'accueil». J’ai compris qu’il me faudra de la patience, que l’attente sera longue, mais si au bout du bout il y a enfin la solution, ça vaut le coup, j’attends. Je pense d’ailleurs n’avoir pas tellement d’autre possibilité, je suis surveillée d’un œil par l’agent d’accueil. Des portes s’ouvrent, se ferment, claquent, des gens circulent, des flics, des voyous, on les confond ? Je ne suis pas encore experte en la matière. Un flic vient enfin me chercher et m’amène dans son bureau exigu, une fenêtre en hauteur, pour éviter les défenestrations sans doute ? J’ai les idées au beau fixe. -« Asseyez-vous et expliquez-moi votre problème » -« Merci » pourquoi je lui dis merci ? – « Ce matin, je me suis réveillée dans un taxi, qui m’a débarquée à la gare de LYON, depuis je ne sais plus ce qui m’arrive, je n’ai pas de papier, pas d’argent, Je ne sais pas ce que je fais ici. Je suis perdue ». –« Bon, bon je vois, choc émotionnel ou maladie d’Alzheimer, perte de mémoire, accident, affabulations dans tous les cas vous devez voir un médecin. Vous avez mal quelque part ? Des bleus ? Des coups ? » « Je ne crois pas. » « Je téléphone à l’hôpital. Vous avez de la famille ? D'où avez-vous pris le taxi ? » - « Je ne sais pas, je ne me souviens de rien avant mon réveil dans ce taxi » Bon, bon, vous dormiez où jusqu’à aujourd’hui ? –« je ne sais plus rien » Il me met sur le grill comme ça pendant quelques questions, je comprends qu’il recoupe les informations que je lui donne, pour s’assurer de ne pas avoir à faire à une mythomane, une folle. Je commence à redouter l'hôpital psychiatrique, il me faut être le plus logique possible, même si la logique elle m'a quittée depuis quelques temps. Je commence à fatiguer, à bafouiller.. DANGER. mes voyants sont tous au rouge. Il est 23 heures et quelques à sa montre. Je n’ai rien mangé depuis ce matin. Mais sa problématique est ailleurs. L’interrogatoire se poursuit. Je me sens défaillir et m’affale en douceur sur ma chaise.


Je me réveille...encore, j'ouvre un œil circonspect pour voir... Du blanc, du blanc partout. Je suis dans une chambre, dans un lit et j'ai du monde autour de moi, on me tâte, on me prend le pouls, on me serre la main, on regarde mes yeux. Que de sollicitudes soudain. Une tête connue se penche vers moi : « Elle se réveille ! Elle se réveille ! » (C'est apparemment une bonne nouvelle) : « Chantal ? Chantal ? » (Oui, c'est bien moi) Dit-elle en me tapotant la main. «Ça va ? Comment tu te sens ?  J’appelle le médecin » Elle téléphone : « allô, allô, maman, maman, ellle se réveille viens vite » « Tu crois, depuis le temps, c'est peut être un réflexe » « j 'attends le médecin, je te rappelle, l'infirmière à dit que ça arrive quelques fois, même après 3 mois de coma »  (Mais oui, c'est bien moi, je suis là, maman, Françoise, Au secours ! ) Aucun son, je ne peux plus parler... J'ouvre rapidement les deux yeux, J'essaye d'être la plus expressive possible. Je ne peux pas bouger la tête. Que m'arrive t'il ? maintenant, Je reconnais mon monde, je suis au chaud, entourée, aimée, en sécurité. Le docteur appelé arrive, s'incline vers moi : « Ça va aller, ça va aller, pas de panique, reposez vous, je reviens ». Sur un geste du médecin, tout le monde sort, la porte se ferme, je suis de nouveau seule. J'ai l'impression d'être un morceau de bois. Je n'ai de pouvoir que sur mes paupières : Je vais les refermer doucement et me re..réveiller. Je suis entre de bonnes mains, tout le monde s'occupe de moi, « laisses toi faire ». A travers mes yeux mi-clos je vois tout le monde revenir, des paroles, des gestes au ralenti. Je suis  à l'abri, protégée, je n'en veux pas plus pour le moment. J'abandonne. Je comprendrais et lutterais un autre jour.

"Après tout être vivant ou mort, cela revient au même" P.P. PASOLINI

Saignon septembre 2013

Mireille MOUTTE

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Rédigé par ab irato

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Publié le 1 Mai 2013

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Je pars oh! pas loin, mais je pars. Je prends la route d'Eguilles, en douce, comme on fait l'école buissonnière, pendant que les autres travaillent. Comme un zeste de volupté, d'interdit... La route est libre, peu de circulation. Je prends mon élan pour la montagne. Les panneaux d'interdiction, d'autorisation, d'obligation, les feux, les ralentisseurs et autres gêneurs ne me concernent plus, ce sont de simples scories de civilisation que je vais semer tout au long de la route. Déjà à Eguilles je sens bien que le premier pas est fait. Après le rond-point surveillé par la madone, après le premier virage serré entre deux maisons, l'aventure commence. Je vais rejoindre par une départementale discrète la nationale 7 que je traverse furtivement, sans me faire remarquer. Je m'évade par un de ces chemins de traverse que j'affectionne. Me voilà en route pour la première étape : Rognes, petit village vigneron que je ne fais qu'effleurer en passant devant la cave coopérative. Je contourne ensuite la retenue d'eau de la ville de Marseille. De lac elle n'a que le calme des eaux dormantes, l'infrastructure est là pour enlever tout romantisme à l'affaire. Mais peu m’importe, dans un pays sec, en manque d''eau, elle mérite le nom de lac. Je me rapproche peu à peu de la frontière : la Durance, qui cherche son lit parmi ses alluvions. Domestiquée, canalisée, elle n’apporte plus sa richesse par ses débordements légendaires. Elle est calme comme une vieille femme qui a brûlé sa jeunesse et se retrouve aujourd'hui seule dans un lit trop grand pour elle. J'arrive à Cadenet où les nombreux travaux détournent régulièrement le voyageur du droit chemin. Je salue au passage l'enfant du pays, son héros, le tambour d'Arcole. Après cette traversée historique mais difficile, je m'élance vers Lourmarin, village châtelain, blotti au pied du luberon, porte d'entrée hautaine de la célèbre combe qui porte le même nom. Je suis au cœur du massif du Luberon.

 

 

Je longe maintenant le cours d'eau fluctuant de l'Aiguebrun. Calme et timide par beau temps, il disparaît à l'improviste pour réapparaître quelques mètres plus loin, mais peut se transformer en torrent impétueux à la moindre pluie conséquente. La route est étroite, tout en lacets, crochets, épingles à cheveux, rochers en surplomb, éboulis, falaises vertigineuses, parapets, poteaux, obstacles divers et variés, qui donnent un certain charme à l'aventure. Tout est là pour freiner notre ardeur, pour briser notre élan, pour retarder notre arrivée, pour mettre à l'épreuve notre patience. Peu de lignes droites. Il fait mauvais être derrière un engin qui se traîne. Le doublement est périlleux, hasardeux, déconseillé, sauf aux sportifs en moto qui prennent tous les risques. Ce n'est pas la route de la soie, nous n'allons pas faire escale à Samarcande. Mais toute l'intensité du voyage est là. Cette vieille bâtisse, par exemple, avec son pont sur le ruisseau, entourée de dépendances en ruines avec sa haute cheminée d'usine, au milieu de nulle part. Etait-elle un relais de poste, une auberge, une distillerie ou un caravansérail cachant sa Shéhérazade ?...Nous allons de découverte en découverte. C'est notre Paris-Dakar à nous. Les sens en éveils, les yeux fixés sur le prochain virage, vers l'inconnu, les mains crispées sur le volant, le pied hésitant entre frein et accélérateur, prête à toute extrémité, anxieuse de découvrir enfin l'arrivée : le pont des Vaudois et la route de Bonnieux qui clôture en apothéose cette exaltante traversée. Après cette épreuve qui a sollicité toute mon énergie, un sentiment de victoire m’envahit, J'ai encore une fois vaincu la célèbre Combe de Lourmarin, tel tartarin de Tarascon, je n'en peux plus de suffisance. Je m'arrache enfin des gorges obscures et m'élance vers le col du Pointu, vers le soleil, un jeu d'enfant. J'en connais tous les méandres, toutes les fantaisies, tous les aspects.

 

Enfin, j'arrive chez moi, à droite au sommet. La route des Claparèdes m'accueille. Passage magique, ancestral. Mes terres de chaque côté : chênes, pierres, lavandes, pierres, lavandes, chênes, avec la douceur des monts du Luberon au sud, le Ventoux, géant de Provence au nord, une allée bienveillante avec en toile de fond les Alpes enneigées. Excusez du peu. Je m'envolerai presque. Après ça plus rien ne me surprend, plus rien ne m'étonne. Peu de paysages m'émeuvent autant. Je me retrouve. L'émerveillement, le bonheur toujours de retrouver son paysage en place, Mon païs, immuable, éternel, enraciné dans son histoire. En attente, pressé de partager avec moi ses secrets, sa beauté sauvage. Un retour dans le giron originel jusqu'aux entrailles de ma terre. Au cœur de ma substantielle moëlle, ma force, mon optimisme forcené, mon envie viscérale de vivre, ma certitude contre le doute. Le reste pourrait n'être que routine, descente tranquille, tout en douceur, en roue libre, mais il y a en cours de route un ralentissement inéluctable.Au fameux virage au dessus de Valsorgue, se dévoile soudain l'ultime panorama, le sublime rocher de Saignon et son village accroché à ses basques, vaisseau de pierre aux voiles d'azur toujours en partance, toujours arrimé, toujours là. Pareille vision existe également en venant d'Avignon. Enfants, avec mon oncle Lucien, nous attendions avec impatience sa brusque révélation au détour du chemin, le point était précis, il fallait beaucoup d'attention pour ne pas le manquer, le premier à signaler sa présence gardait avec bonheur et pour toutes les vacances, les prémices de ces retrouvailles comme un trésor. Saignon et son plateau des Claparèdes, berceau d'une enfance préservée farouche et indomptée, ivre de vagabondage, de découverte, d'expérience. La nostalgie me revient comme les dernières volutes de ma dernière cigarette. Je ne serais jamais plus une petite fille insouciante. Je ne serais jamais la pin-up des magazines. Je ne serais jamais Picasso, Mozart, Angéla Davis...Je ne ferais jamais l’ascension du K2. Je ne traverserais jamais l'océan à la nage. Je ne ferai plus le tour du monde en 80 jours. Je ne découvrirai sans doute jamais la Patagonie. Je ne serais pas wonderwomen.. Je ne serais jamais le dalai lama. Je ne décrocherai jamais la lune.. Il y a un tas de chose que je ne serais pas, que je ne ferai jamais. Je m'y suis faite dans la douleur, mais je m'y suis faite. Avec la maturité on doit savoir peu à peu lâcher prise. Puisqu'il le faut, j'accepte, je renonce. Il reste tout de même un point sur lequel je serai intraitable : Je refuse définitivement de continuer à vieillir, de m’étioler, de me faner, de me dessécher sur pied, de partir peu à peu en déliquescence. Je dois avant cette incontournable fatalité trouver la sérénité, la plénitude, la sagesse, le calme avant la tempête. J'essaye avec acharnement et persévérance. Je tâtonne, je me trompe, je divague beaucoup, malgré ma bonne volonté. Je compte beaucoup trop sur la glorieuse incertitude du hasard, sur une hypothétique complète osmose avec la nature et un temps dévolu, certain et indéfini pour arriver à l'accomplissement de cette tâche difficile. Pour toutes ces raisons il est urgent que je retrouve mon pays de cocagne. Que je retourne chez moi. Que j'occupe mon espace. Que je sente cette puissance vitale m'envahir. Je veux m'y fondre, m'y noyer, m'y perdre. Faire partie intégrale du lieu. J 'arrive. J'arrive.. Chantez cigales, volez oiseaux, frémissez futaies. Les trois coups sont frappés : Le spectacle peut commencer.

                                                                                  Mireille MOUTTE

                                                                                  Saignon le 18 avril 2013

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Publié le 9 Mars 2013

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Pour les investisseurs, les rentiers, les capitalistes, l'Homme n'est plus rentable, il est même un frein à la croissance, à la marche dictatoriale du progrès. En effet, on peut facilement juguler le travail, le délocaliser, organiser son déclin, fermer les usines, supprimer des emplois, combiner: flexibilité, précarité, harcèlement. Les hommes sont toujours là. La richesse distribuée, pour assouvir leurs besoins même élémentaires, est une perte intolérable pour les teneurs de la dérégulation libérale. Tel le tonneau des danaïdes il est sans fond et le retour sur investissement minime et incertain. Pauvre, l'homme coûte encore trop cher. Il reste l'élimination massive des masses devenues improductives. Souvent tentées par des guerres, des massacres, l'exode, l'holocauste l'euthanasie, la stérilisation,. Mais la morale, pour un temps encore, réprouve cette extrémité. L'Homme et ses exigences vitales, reste donc un kyste disgracieux sur le visage radieux du capitalisme mondialisé.

 

Des siècles durant, c'était le travailleur qui faisait la richesse du pays. On avait besoin d'une main d’œuvre docile et bon marché pour faire tourner les usines et des consommateurs zélés et convaincus pour écouler les marchandises. Travailler plus pour consommer plus. Ce système ne semble plus tenir la route. Pour la grande majorité des consommateurs il faut travailler pour avoir de l'argent. L'alpha et l’oméga de l'ordre établi, mis à mal par les pratiques économiques actuelles, par sa remise en cause comme but incontournable à l'épanouissement personnel. Aujourd'hui l'argent crée l'argent, les marchés boursiers se suffisent à eux-mêmes, les tradeurs, les investisseurs, les spéculateurs de tous poils jouent sur l'offre et la demande, sur la pénurie ou l'abondance des matières premières, qu'ils gèrent au mieux de leurs intérêts. Les multinationales colonisent les terres arables, monopolisent les richesses du monde entier. La démocratie est indexée aux graphiques des marchés, inféodée aux agences de notation, au PIB. Faire de l'argent à tout prix avec n'importe quoi, voilà le seul credo L'argent est virtuel, tout est marchandise.L'humain se trouve limité à sa portion congrue. Il devient un impondérable, tel le phylloxéra ou la peste aviaire. Tant pis pour les dommages collatéraux. Tant pis pour les laissés pour compte. Les victimes du système se trouvent même être d'excellents boucs émissaires: manque de discernement, d’adaptabilité, de courage, de productivité, passéistes, fainéants, véléïtères, ingérables, opposés à tout changement etc...

 

C'est vrai, l'homme par atavisme est en général attaché à son lieu de vie, à ses parents, ses amis, son coin de campagne et même son clocher. Il veut vivre et travailler au pays, gagner dignement sa vie, être respecté, élever sans crainte ses enfants, suivre consciencieusement le modèle établi depuis des millénaires. Nous sommes d'incorrigibles sentimentaux, des naïfs incurables. Comme si le bonheur des hommes était à l'ordre du jour, comme si son bien-être, son épanouissement étaient indispensables à la bonne marche des affaires, comme si tout ce fatras avait une quelconque valeur marchande!!!

 

Dans cette course éperdue, nous sommes responsables en partie de nos choix de vie. Certes, il vaut mieux, depuis toujours, être riche, jeune, en bonne santé et être né dans un milieu privilégié. Mais croire à l’avènement d'une égalité inscrite en lettres d'or au frontispice de nos monuments est un leurre, une utopie. L'égalité n'a jamais été l'apanage des sociétés et encore moins de la nature. Il reste alors comme seul exutoire à notre frustration la violence des misérables, des desperados, l'acceptation feinte ou soumise à l'ordre établi qui confortent le modèle. Ne nous laissons plus abuser par des mirifiques promesses, les discours dithyrambiques, les décisions dogmatiques. Le système actuel ne s'améliorera pas pour le bien être de l'humanité. Il n'est pas fait pour ça. Nous nous épuisons en vaines controverses. Il n'y aura pas de miracle. Agissons. Ne prenons pas le pouvoir, contournons le, atteignons le cœur de la cible: l'argent, le profit. Refusons de coopérer, refusons la cogestion, refusons l'uniformité du tous pareils, tous dociles, tous pris dans les mailles d'un même filet. Inventons d'autres échanges, d'autres solidarités. Soyons audacieux, inventifs. Plus d'exploiteur, plus d'exploité, plus de charité, plus d'actionnaire, plus d'assisté, plus d’exilé, plus de spoliation, plus d'expert, plus d'oracle, plus de mot d'ordre, plus de raviolis panzani, plus de chef charismatique. Ce sera dur! L'argent trace sa voie impérieuse. Si nous voulons une autre priorité traçons la notre: L’Homme et sa planète, ses besoins, sa santé, son bien être, son avenir, comme seule préoccupation, comme seul intérêt. C'est beau comme du Verlaine. Plus facile à dire qu'à faire. Mais tellement exaltant!

 

«A chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins» l'adage a beacoup servi, toujours d'actualité, tant qu'il n'est pas détourné par une autocratie tyrannique, décrété par oukase. Son évidence n'a d'égal que sa complexité : Comment évaluer ces forces ? Comment déterminer ces besoins? L'homme est-il irrémédiablement condamné à ses rêves? Commandé par ses instincts prédateurs? La tête dans les étoiles, les pieds dans la glaise, tel «un pesoun dans la pegue». Nos aspirations, nos espoirs sont-ils irréalistes, inaccessibles, utopiques? Prouvons le contraire. La confiance en la bonne volonté de l'homme, n’entraîne malheureusement pas le glas de la loi du plus fort. Le pouvoir, quel qui soit, n'est toujours pas prêt à laisser s'installer la chienlit. La liberté à ses limites, tout de même ! Une seule solution, autre chose.                                                                              

                                                                                          Mireille MOUTTE


 

 

                                                                                           Pont-Croix le 26 février 2013

 

 

 

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Publié le 14 Octobre 2012

 

 

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Temps que je peux courir les vignes,

Temps qu'il fait bon rire et  chanter 

Temps que ma soif, ma joie résistent

Temps que le ciel vague aux nuages

Temps qu’il s’embrase le soir venu

Temps que la nuit au jour s’emmêle

Temps qu’un poème vibre mon âme

Temps que la mémoire est volage

Temps qu'au loin la courbe m'entraine

Temps que chauffent mes rives au soleil

Temps que mon chapeau sur les yeux

Temps que balancent l’oiseau et la branche

Temps que s’endort repu le renardeau

Temps que le premier frisson d'automne

Temps  qu'après moi  il s'époumone

 Temps que je peux encore un peu

Temps que me conduit la garrigue

Temps que mon chemin croise le tien

Temps que  le passage est à gué

Temps que les sentiers de traverse

Temps qu'ici on s'aime un peu

Temps que rebelle l’espoir perdure

Temps que s’impose ma montagne

Temps que s’éboulent mes clapas

Je reste là

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Rédigé par ab irato

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Publié le 1 Octobre 2012

Rebelles,

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Pétitions, rassemblements, setting, manifestations, déclarations, proclamations, protestations, subversions, actions militantes, photos, reportages, performances etc... Les moyens de s'indigner, de bouleverser, d’ébranler, de confondre l’ordre des choses, ne manquent pas, sans compter les causes qu'il n'est plus nécessaire d’énumérer. La liste s'allonge de jour en jour. On peut faire largement le tour du monde des massacres et crimes ethniques, religieux, politiques, territoriaux, des violations des droits de l'homme, des libertés d’expression bafouées, des emprisonnements arbitraires, de la justice aux ordres du pouvoir, des guerres justes et injustes, des populations prises en otage  et violentées par des libérateurs  successifs, des paysans spoliés de leurs terres et de leurs récoltes par des multinationales hégémoniques,  des exploités et laissés pour compte par milliers. Toutes oppressions dignes d'intérêt. Le monde entier mérite notre indignation: La Tchétchénie, la Birmanie, la Russie, la France, la Palestine, l'Afrique du Sud, les U.S.A., la Chine, le Soudan, le Mali, la Syrie, l'Iran, l’Irak, Israël, l'Afghanistan, le Pakistan, l’Arabie Saoudite  sans oublier le Tibet etc.....  L’Amérique, l'Europe, l'Afrique, l'Asie. Toutes les couleurs de la trahison, de l'exploitation, de  l'ignominie,  de l'infamie, de l’hypocrisie, avec  pour priorité des priorités l’intérêt financier en sautoir.

 

Les sujets changent, les mobilisations s’adaptent,  les pétitionnaires persistent et signent avec constance. Même si parfois on a du mal à comprendre le choix, la priorité. Pourquoi ceci et pas cela. Pourquoi ici et pas là. On ne peut pas être partout à la fois, c'est sûr. Chacun a ses luttes de prédilection en fonction de sa sensibilité, de son implication, de sa connaissance approfondie du sujet.  Des emballements aléatoires, des emportements médiatiques, des pétitions en veux-tu en voilà. La ferveur contestataire a ses codes, ses modes, ses frénésies, qui changent rapidement  d’un sujet à un autre, alors que les causes  d'indignations perdurent. Une interrogation s'impose sur le suivi de ces multiples engagements ? Sur leur véritable efficacité à long terme ? Sur l’évolution de ces contestations multiformes? Leurs finalités? Certains sujets  sont médiatiquement plus visibles. La détresse, la révolte ne suffisent pas, encore faut-il qu’elles soient  emblématiques, exaltantes et  photogéniques, avec même parfois un zeste d’exotisme.

  Manifestants et  trouble-fêtes sont vite dispersés, vite oubliés, si la rue, le peuple  ne s’en empare pas, tant qu’ils ne les débordent pas, tant que la subversion n'a pas  fait son œuvre et imposé son mode d’action.  Avant que l’organisation et  le pouvoir  son corollaire ne la récupère, après une guerre civile, un massacre, une amnistie ou un semblant de  mea culpa et l’abandon de quelques symboles.  Quelques miettes dont les insurgés doivent se contenter. Car la révolution,  surtout à long terme, n’est par  nature,  pas facile à conduire et la victoire toujours incertaine. Mais, petit à petit, pas à pas, révolte après révolte, les mentalités progressent,, les moeurs évoluent, les comportements changent, la société se réforme. Il faut juste avoir le temps de profiter de ces évolutions et éviter les retours de manivelle qui remettent  tout en cause.

 

On est obligé de remarquer que  les risques encourus par les contestataires sont loin, là aussi, d'être égalitaires. Les sauveurs de l'humanité sont toujours un peu les mêmes. Il faut, certes, profiter de notre liberté de parole pour aider ceux qui ne l'ont pas.  Mais  comment ce mutisme  criant peut-il perdurer, malgré tout? Pourquoi chez nous où la liberté d’expression est garantie, les inégalités subsistent-elles?  S'interroge- t-on, sans pour autant arrêter de pétitionner, sur notre échec à faire changer les choses durablement et dans le bon sens? Mais le veut-on ? On ne peut se satisfaire de réussite timide, de succès  éphémère. Se complaire indéfiniment dans une dénonciation indispensable mais à l’efficacité limitée. L’indignation permanente, des sociétés repus, des privilégiés à quelque chose d’indécent et relève soit de la naïveté, de l’imposture ou de l’hypocrisie. Peut-on y trouver notre compte ? Un subterfuge à notre  culpabilité ? Un alibi à notre éternelle mauvaise conscience. Donner des papiers aux sans-papiers,  oui, mais pourquoi ces hommes sont-ils obligés de quitter leurs pays ? Leur rêve au-delà de manger à leur faim, d’être en sécurité, d’envoyer quelque argent aux parents, de subsister ? Est-il de servir de main d’œuvre bon marché dans les pays riches? D’être  humiliés, exploités,  méprisés ? N’y a-t-il pas là encore escroquerie, tromperie ? Pour un qui s’en sortira, combien sombre dans le désespoir ? Combien disparaisse sans laisser de trace ? Peut-on accepter cette mystification ?

 

 La performance des  Pussy Riot,  en activistes  confirmés  et déterminés ont évalué et pesé les risques pris.  L’issue prévisible était au cœur de  leur démonstration et de leur réussite. Elles ont excellemment démontré à la face du  monde entier la nature autoritaire du régime de Poutine au prix de leur liberté. Chapeau bas pour le courage et l’abnégation. Cela va-t-il suffire à mobiliser la rue? Mobiliser les puissances internationales? Ne connaissaient-elles pas déjà, les dérives violentes de ce régime, sans s’émouvoir plus que nécessité?  Réserves énergétiques   obligent.

 

Deux soulèvements  à quarante ans de distance font pour moi référence : Celui du féminisme des années 70 avec l’émancipation des femmes, la légalisation de l’avortement, la libéralisation de  la contraception. Combat d’une élite intellectuelle passé de la rue au Palais Bourbon.  Celui plus près de nous du printemps arabe qui a renversé  l’oligarchie de régimes corrompus.  Ces combats ne sont jamais finis. Les réactionnaires de tous poils  y veillent. A suivre en Tunisie : Après la révolution, la remise en cause du statut de la femme.  

 

Notre devoir de contribution, au-delà de notre modeste soutien face à leurs succès est de continuer le combat. Contester, encore et encore, dans sa globalité le vieil ordre mondial corrompu et décati. Se remettre tous en cause, partager équitablement les richesses, la main dans la main dans une internationale  humanitaire. Chasser une utopie par une autre, on ne fait que ça depuis que l'homme et homme alors essayons encore..... Mais beaucoup se satisfont de la situation actuelle,  l’appellent même de leur vœux, y trouvent leur compte, leur confort, leur bonheur et se soucient comme d’une guigne de la misère et des oppositions qu’elle engendre. Ils surfent allègrement sur ces événements, tant que nous ne remettrons pas en cause leurs propres intérêts. S'engager dans cette voie difficile,  c’est accepter  une lutte implacable, une remise en cause permanente, un bouleversement de nos habitudes,  une récusation de l'ordre établi, un droit et  un devoir d’insoumission, une résistance de tous les instants. Ou alors basta, ce sera encore une fois du chacun pour soi,  avec quelques velléitaires çà et là, pour masquer notre compromission à  l'idéologie dominante : L'intérêt particulier substitué aux  besoins collectifs.

 

 

Adessias


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Publié le 17 Août 2012

Je roule. Les paysages défilent magnifiques ou ordinaires, vallonnés, montagneux, forêts ou champs peu importe, je ne

KM

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Je roule. Les paysages défilent magnifiques ou ordinaires, vallonnés, montagneux, forêts ou champs peu importe, je ne suis pas là pour les admirer mais pour rouler et aléatoirement poser mes yeux sur un décor reposant,  qui pourrait  d'ailleurs n'être qu'illusion. Aucune odeur ne vient titiller mes narines, ni la pluie, ni la chaleur ne m’atteignent. Je suis dans ma bulle à l'écart du reste. Je me déplace d'un point à  l’autre. Le voyage se limitera au départ et à l'arrivée, entre les deux rien, un nomes-land. Ma curiosité est certes sollicitée, des enseignes suggèrent çà et là, un village escarpé, une vallée verdoyante, une falaise abrupte, un barrage vertigineux, une forêt sauvage, un château fort. Cartes postales à peine aperçues, déjà disparues, vite oubliées.

 

L'allure doit être maintenue à tout prix. La sacrosainte moyenne est mon guide. Je ne voyage pas je me transporte. J'ai quatre semaines de vacances il est hors de question de perdre mon temps en pérégrinations aventureuses. Mon  seul but : la plage, la mer, le soleil, le farniente. Ma seule préoccupation : comment y arriver le plus vite possible, en évitant les bouchons, les ralentissements, les routes départementales et même si possibles les nationales. Tout droit, tout schuss,  vers l'eldorado. La  voiture ce moyen de locomotion révolutionnaire me permet de tout décider, de suivre  mon bon plaisir : choix du jour, de  l’heure, du trajet. Mon coffre est plein à craquer, j'ai du ravitaillement à portée de la main, je suis autonome, indépendante. Je peux tenir un siège, je m'arrêterai pour quelques impondérables et encore.

 

Cette liberté conquise de haute lutte a le goût  exquis des joies enfantines, quelque chose de l’excitation adolescente avec au bout du bout le Bonheur.  L'ivresse est de courte durée, un refroidissement subit me saisit au premier ralentissement : péage d'autoroute oblige. Rien ne m'arrêtera, rien n'entamera cette  première journée de vacances. Ça y est, après  une délivrance aux forceps,  j’atteins enfin le saint des saints : non pas la vieille route tristounette, grise hasardeuse et malodorante du siècle dernier, mais l'Autoroute, la vraie, la seule, propre, droite, sans aspérité, sans obstacle incongru, encadrée, organisée ou la moindre difficulté est prise en charge par des panne aux lumineux qui veillent sur l'autoroutier tel des anges gardiens bienveillants.

 

Je roule enfin, fuite éperdue vers l'ailleurs. Le morceau d'asphalte sous mon véhicule  se déplace avec moi, il m'appartient, je l’ai loué, j'en suis momentanément propriétaire. Il reste le ciel, l'air,  que je ne peux ni dominer ni domestiquer, et qu'il me faudra bien subir. Des impondérables qui justement ne tardent pas à se faire pressants. Une foule bigarrée m’attend  sur l'aire  d’autoroute. Je ne suis pas la seule à avoir eu l'idée géniale de ce départ. La quête d'un parking est digne d'un gymkhana. La quête d'un c oin d'ombre pour pique-niquer  a quelque chose de la guerre des tranchées, la queue aux toilettes, la queue au robinet d'eau,  la queue à l'essence, et enfin la hâte de partir vite vite de cette concentration inhumaine. Cauchemar dantesque d’individualisme forcené transformé en grouillement anonyme. Collection  non exhaustive mais très représentative du genre humain. Je m’évade, je fuis, je reprends la route. Circulation dense, « Ralentissez, bouchon de 15 Km  vers l’A7 »  me prévient le garde chiourme de l’autostrade, insensible à mon désarroi. Je cours toujours après le temps. 

 

Les kilomètres qu’il me reste à faire sont autant d’obstacles à franchir. L’horloge est devenue mon ennemie intime ou mon gourou suivant mon état d’âme. La fatigue aidant, mon beau rêve a pris un petit coup dans l'aile. Mais le problème c'est les autres, moi ça va. La route est encore là  infinie, magnifique. Grisée par la vitesse,  elle saura calmer mes inquiétudes, mes angoisses, mon chagrin de ne pas être la seule amoureuse de cette voie céleste exigeante et fascinante où  roulent  nos besoins d'autre part, pied au plancher du joug quotidien.  Je me perds  alors dans la multitude, je me dilue dans le flot commun. Je ne suis plus qu’un numéro d’immatriculation parmi d’autres. Espionnée par des  caméras invisibles, surveillée, contrôlée en permanence par des milliers d’yeux inquisiteurs. Prisonnière volontaire. Rançonnée par habitude. 

 

 

Le voyage n'est plus. Il a changé de camp il s’est transformé en difficultés, en barrages successifs, en courses éperdues contre le temps,  fatigue et déception pour les uns, filon pour les autres. Le temps, l'espace, les moyens gagnés depuis des décennies ont été  bradés aux marchands, aux businessmans sans vergogne, qui ont détourné le voyage à leur seul profit pour canaliser nos envies  d’expéditions, de découvertes, de liberté vers leur bourse obséquieuse, leur CAG 40 tyrannique. Spoliés, détournés, trompés, abusés, volés.  Il n’y a malheureusement plus de Robin des  Bois pour nous restituer le charme du voyage d’antan, qui prenait son temps, musardé çà et là. Mais l'illusion à un prix qu'il faut aussi savoir négocier.

 

Saignon 15 août 2012

 

 

 

uis pas là pour les admirer mais pour rouler et aléatoirement poser mes yeux sur un décor reposant, qui pourrait d'ailleurs n'être qu'illusion. Aucune odeur ne vient titiller mes narines, ni la pluie, ni la chaleur ne m’atteignent. Je suis dans ma bulle à l'écart du reste. Je me déplace d'un point à l’autre. Le voyage se limitera au départ et à l'arrivée, entre les deux rien, un nomes-land. Ma curiosité est certes sollicitée, des enseignes suggèrent çà et là, un village escarpé, une vallée verdoyante, une falaise abrupte, un barrage vertigineux, une forêt sauvage, un château fort. Cartes postales à peine aperçues, déjà disparues, vite oubliées. L'allure doit être maintenue à tout prix. La sacrosainte moyenne est mon guide. Je ne voyage pas je me transporte. J'ai quatre semaines de vacances il est hors de question de perdre mon temps en pérégrinations aventureuses. Mon seul but : la plage, la mer, le soleil, le farniente. Ma seule préoccupation: comment y arriver le plus vite possible, en évitant les bouchons, les ralentissements, les routes départementales et même si possibles les nationales. Tout droit, tout schuss, vers l'eldorado. La voiture ce moyen de locomotion révolutionnaire me permet de tout décider, de suivre mon bon plaisir : choix du jour, de l’heure, du trajet. Mon coffre est plein à craquer, j'ai du ravitaillement à portée de la main, je suis autonome, indépendante. Je peux tenir un siège, je m'arrêterai pour quelques impondérables et encore. Cette liberté conquise de haute lutte a le goût exquis des joies enfantines, quelque chose de l’excitation adolescente avec au bout du bout le Bonheur. L'ivresse est de courte durée, un refroidissement subit me saisit au premier ralentissement : péage d'autoroute oblige. Rien ne m'arrêtera, rien n'entamera cette première journée de vacances. Ça y est, après une délivrance aux forceps, j’atteins enfin le saint des saints : non pas la vieille route tristounette, grise hasardeuse et malodorante du siècle dernier, mais l'Autoroute, la vraie, la seule, propre, droite, sans aspérité, sans obstacle incongru, encadrée, organisée ou la moindre difficulté est prise en charge par des panneaux lumineux qui veillent sur l'autoroutier tel des anges gardiens bienveillants. Je roule enfin, fuite éperdue vers l'ailleurs. Le morceau d'asphalte sous mon véhicule se déplace avec moi, il m'appartient, je l’ai loué, j'en suis momentanément propriétaire. Il reste le ciel, l'air, que je ne peux ni dominer ni domestiquer, et qu'il me faudra bien subir. Des impondérables qui justement ne tardent pas à se faire pressants. Une foule bigarrée m’attend sur l'aire d’autoroute. Je ne suis pas la seule à avoir eu l'idée géniale de ce départ. La quête d'un parking est digne d'un gymkhana. La quête d'un coin d'ombre pour pique-niquer a quelque chose de la guerre des tranchées, la queue aux toilettes, la queue au robinet d'eau, la queue à l'essence, et enfin la hâte de partir vite vite de cette concentration inhumaine. Cauchemar dantesque d’individualisme forcené transformé en grouillement anonyme. Collection non exhaustive mais très représentative du genre humain. Je m’évade, je fuis, je reprends la route. Circulation dense, « Ralentissez, bouchon de 15 Km vers l’A7 » me prévient le garde chiourme de l’autostrade, insensible à mon désarroi. Je cours toujours après le temps. Les kilomètres qu’il me reste à faire sont autant d’obstacles à franchir. L’horloge est devenue mon ennemie intime ou mon gourou suivant mon état d’âme. La fatigue aidant, mon beau rêve a pris un petit coup dans l'aile. Mais le problème c'est les autres, moi ça va. La route est encore là infinie, magnifique. Grisée par la vitesse, elle saura calmer mes inquiétudes, mes angoisses, mon chagrin de ne pas être la seule amoureuse de cette voie céleste exigeante et fascinante où roulent nos besoins d'autre part, pied au plancher du joug quotidien. Je me perds alors dans la multitude, je me dilue dans le flot commun. Je ne suis plus qu’un numéro d’immatriculation parmi d’autres. Espionnée par des caméras invisibles, surveillée, contrôlée en permanence par des milliers d’yeux inquisiteurs. Prisonnière volontaire. Rançonnée par habitude. Le voyage n'est plus. Il a changé de camp il s’est transformé en difficultés, en barrages successifs, en courses éperdues contre le temps, fatigue et déception pour les uns, filon pour les autres. Le temps, l'espace, les moyens gagnés depuis des décennies ont été bradés aux marchands, aux businessmans sans vergogne, qui ont détourné le voyage à leur seul profit pour canaliser nos envies d’expéditions, de découvertes, de liberté vers leur bourse obséquieuse, leur CAG 40 tyrannique. Spoliés, détournés, trompés, abusés, volés. Il n’y a malheureusement plus de Robin des Bois pour nous restituer le charme du voyage d’antan, qui prenait son temps, musardé çà et là. L'illusion à un prix qu'il faut aussi savoir négocier. Saignon 15 août 2012

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Publié le 15 Mars 2012

 

 

 

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NEW WORLD,

 

C’est sûr par rapport aux cataclysmes  météorologiques annoncés : la fonte des glaciers, le réchauffement climatique, la montée des eaux engloutissant certaines îles du Pacifique, Amsterdam, New-York.. , le golf-stream qui se fait la belle, les ours qui meurent de faim, le sol qui libère des gaz à effet de serre, la déforestation, le pillage de l’eau, l’épuisement des terres, la disparition des espèces...   et que sais-je encore... la santé de ma petite personne compte pour du beurre. Je ris, oui je ris, c’est sans doute nerveux. Mais ce choc des titans n’arrive pas à m’émouvoir plus que ça.  Le monde va à sa perte et alors ! basta  pour moi n’importe comment il arrive à sa fin incessamment sous peu. J’entends clairement votre exclamation choquée : Que suis-je par rapport aux calamités qui vont  fondre sur notre belle planète ? Bien sûr, bien sûr. Mais il faut aussi prendre en compte qu’après moi, disons le carrément après ma mort le monde n’existera plus, puisque je ne serais plus là pour le contempler. C’est égoïste ! permettez que je m’étonne à mon tour de votre émoi. Cette fin du monde là est pourtant bien réelle. J’ai certes participé à sa longue agonie, à son effondrement prévisible. J’ai consommé plus que de raison, brûlé du gasoil sans nécessité absolue, pour le plaisir. Comme vous.  Donc pitié pas de morale à deux balles, pas de psychologie de bas étage, pas de trémolo dans la voix, pas d’émotion excessive, pas de sentimentalisme à l’eau de rose. Pas de bouddha, pas de sagesse immémoriale, pas de moulin à prière, pas de Dieu vivant ou mort, pas de spiritualité à la petite semaine. Pas pour moi. je veux profiter encore un peu de cette vie telle quelle. même si elle n’a vraiment plus grand chose d’ affriolant. Sans subterfuge, sans substitut de toutes sortes (oxygène, goutte à goutte, audio, cardio etc..)  En regardant au fond des yeux cette garce de vie (la formule est consacrée) qui m’a réservée quelques aberrations chromosomiques aux conséquences définitives. Je vais encore finir par une belle phrase optimiste pour que se rallient à moi toutes les belles âmes. Toutes ces relations humaines qui m’importent encore un peu. Pour que l’on me trouve encore un peu formidable. Qu’on admire ma force de caractère. Mon humour légendaire et surtout surtout ma spécificité : ma personnalité unique, exceptionnelle, époustouflante. Il me manque quelques adjectifs pour me décrire précisément. je vous laisse le soin de compléter ce portrait tout en nuance et modestie. Votre contribution me va droit au coeur, et m’aide vraiment à passer le cap difficile de l’oxygénation libre.

ADESSIAS

Mireille MOUTTE

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